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Forteresses France
21 octobre 2009

Avrilly

Vue aérienne de la Forteresse : Donjon

AVRILLY

Carte Topo IGN (Clichés Géoportail & ViaMichelin)

AVRILLY___IGN

Historique :

Au XIe siècle, les comtes d'Evreux sont les suzerains d'Avrilly, que possèdent collectivement Robert Louvel, sire de Bréval  et vassal de Guillaume de Breteuil, et un certain Hugues d'Avrilly.

IMGP1570

Vers 1090, Robert Louvel donne son domaine d'Avrilly à l'abbaye Saint Taurin d'Evreux. Frappé d'une terrible maladie, il finira ses jours moine à l'abbaye du Bec.

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En 1087, Ascelin Goël, fils du précédent, commande l'avant garde de l'armée ducale au siège de Mantes, qui verra Guillaume le Conquérant être grièvement blessé, puis mourir de ses blessures.

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Vers 1180 apparaît le sire Herbert d'Avrilly. En 1199, Philippe Auguste s'empare du comté d'Evreux, et par là même de la forteresse d'Avrilly, défendant le comté au sud.

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En 1200, après le Traité du Goulet, le roi Philippe Auguste, se trouvant à Evreux au mois de Juillet, rend les forteresses d'Ivry la Bataille et d'Avrilly à son seigneur Robert d'Ivry.

IMGP1574

(Photos Forteresses Olivier N.)

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F
Nous sommes au VIIe siècle... Les Arabes perturbent le commerce en Méditerranée. En Europe, cela entraîne le développement de nouvelles voies commerciales vers le nord. Les marchands occidentaux y trouvent des fourrures, du bois, de l'ambre et de l'ivoire et échangent avec les Scandinaves du vin, de l'argent et des armes. En raison de ces contacts commerciaux, les commerçants scandinaves connaissent de mieux en mieux les côtes et villes de l'empire carolingien. Ils découvrent sa richesse mais en même temps s'aperçoivent de ses faiblesses. Vaste et morcelé, il est mal défendu et souvent en proie à des guerres internes. <br /> <br /> Dans le royaume franc, les puissants accueillent des hommes libres qu'ils éduquent, protègent et nourrissent. L'entrée dans ces groupes se fait par la cérémonie de la recommandation : ces hommes deviennent des guerriers domestiques (vassus) attachés à la personne du senior. Le seigneur doit entretenir cette clientèle par des dons pour entretenir sa fidélité. La monnaie d'or devenant rare du fait de la distension des liens commerciaux avec Byzance, qui perd le contrôle de la Méditerranée occidentale au profit des musulmans, la richesse ne peut guère provenir que de la guerre : butin ou terres conquises à redistribuer. A cette époque, Avrilly, ancienne propriété agricole ayant appartenu à un gallo-romain, Apprilius, est très proche d'Evreux en teignant les tissus en jaune.<br /> <br /> Parmi les causes du phénomène viking, l'historien François Neveux évoque des opérations de représailles de la part des Vikings contre les agresseurs Francs qui les menaçaient. Il souligne que la conquête de la Saxe par Charlemagne coïncide avec les premiers raids vikings. La première attaque des Vikings touche en 793 les côtes britanniques ; puis la pression des Vikings s'accentue : ils remontent les fleuves à bord de leurs navires à fond plat, et pillent les trésors des abbayes avant de s'en retourner en Scandinavie ; toutefois, certains de leurs établissements côtiers ont un caractère durable. On en a retrouvé des signes le long des côtes du Cotentin et de la Normandie. <br /> <br /> En 841, ils attaquent l'abbaye de Jumièges et la ville de Rouen ; les moines doivent s'enfuir devant les dangers de razzias, emportant avec eux les reliques de leur saint. Les Vikings sont intéresssés par les richesses des églises, mais s’intègreront dans la population paysanne, pillant malgré tout églises et abbayes. En 851, les vikings s'installent sur l'île de Jeufosse sur la Seine, entre Vernon et Bonnières, et font de fréquentes incursions sur tout le territoire normand. <br /> <br /> Pour se défendre contre ces attaques incessantes, les puissants bâtissent des mottes castrales (castral = qui a trait aux châteaux). La motte castrale est un ouvrage de défense médiéval, composé d'un rehaussement important de terre rapportée de ses propres fossés et tassée, de forme circulaire. Au sommet de ce monticule, est édifiée une tour de bois ayant fonction de donjon. La motte est considérée comme le précurseur du château fort.<br /> <br /> À la fin du IXe siècle, de véritables armées vikings portent les dévastations jusqu'au cœur du royaume occidental. Les rois carolingiens semblent impuissants. Charles Le Chauve essaie bien de construire des fortifications supplémentaires. Il demande à des chefs de l'aristocratie de défendre les régions menacées. Ces Grands acquièrent un prestige immense dans la lutte contre l'envahisseur scandinave, prestige qui participe à l'affaiblissement du pouvoir royal. <br /> <br /> L'incapacité des Carolingiens à résoudre le problème scandinave est manifeste : en 911, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, le roi carolingien Charles le Simple cède la Basse-Seine au chef viking Rollon. Il s'en remet à lui pour défendre l'estuaire et le fleuve, en aval de Paris. Les Carolingiens sont contraints de céder des territoires et livrer des tributs pour contrer le danger scandinave. Ils sont en outre absorbés par les querelles familiales. Le climat d'insécurité a donc accéléré la décomposition du pouvoir carolingien. Rollon se fait baptiser en 912 et devient Robert 1er, Jarl de Normandie (Jarl = comte. Les ducs n’apparaîtront que 150 ans plus tard).<br /> <br /> Ce n'est qu'à partir du IXe siècle que mottes castrales en bois, trop souvent brulées par les envahisseurs, vont être reconstruites en pierre. Rollon va distribuer ses nouvelles terres à ses compagnons d'arme : c'est ainsi qu'Avrilly et Harcourt échoient à Bernard le Danois, premier aristocrate de la lignée des Harcourt.<br /> <br /> Descendant de Rollon, Guillaume le Conquérant envahit, en 1066, l'Angleterre, dont il devient le souverain, sous le nom de Guillaume Ier d'Angleterre. L'Angleterre reste ainsi associée à la Normandie jusqu'en 1204, date à laquelle Philippe Auguste confisque les fiefs de Jean sans Terre. La Normandie va alors devenir un enjeu capital entre la France et l'Angleterre. <br /> <br /> Lors de la guerre de cent ans, en 1415, le roi d'Angleterre Henri V débarque à Chef de Caux avec 13000 hommes. Il compte s'emparer de la région. II a particulièrement bien choisi son moment pour reprendre les hostilités : le roi de France, Charles VI, est fou, et les familles d'Armagnac et Bourgogne se disputent la régence. C'est dans ce contexte de désordre et de guerre civile que Henri V, jeune roi de 23 ans, commence par prendre la ville d'Harfleur puis en expulse les habitants, autorisés à partir avec "5 sous et un habit". Ils sont remplacés par des colons anglais. La dysenterie qui frappe son armée oblige le roi d'Angleterre à reporter ses rêves de conquête. Il décide de regagner l'Angleterre via Calais, alors anglaise. Sa chevauchée est toutefois arrêtée près d'Azincourt par l'arrivée de l'armée française mais la chevalerie française paie ses insuffisances tactiques et la faiblesse de son commandement : les Anglais taillent en pièce la fleur de la noblesse de France. Ils peuvent rentrer chez eux sans inquiétude avec leur butin. <br /> <br /> Deux ans après sa victoire à la bataille d'Azincourt, en 1417, le roi d'Angleterre revient avec une puissante armée en Normandie. Son armée compte 4000 archers, 6000 hommes d'arme et 2000 hommes pour l'intendance, et une artillerie à feu considérable. Fortes de leur triste expérience deux ans plus tôt, les grandes villes normandes se rendent sans combattre : Falaise, Caen, Bayeux, Lisieux...<br /> <br /> Sur la route qui les mène vers Evreux, en août (?), les anglais passent par Avrilly, qui n'est ni une ville marchande, ni une demeure seigneuriale, mais une place stratégique défendue par une garnison. Peu de butin, mais le danger de retrouver une place forte derrière soi une fois arrivé à Evreux est trop important.<br /> <br /> La garnison va être massacrée, les habitants dispersés, la forteresse brulée et totalement détruite. <br /> <br /> Elle ne s'en relèvera jamais, et cette motte féodale, pourtant puissante, tombera dans l'oubli pendant des siècles.
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